Entre autres insoumis, éclopés, marginaux et laissés-pour-compte, les sans-abris sont, des failles morales et fonctionnelles de notre société, les sentinelles.
« Après vingt-cinq minutes d’attente, c’est dur… Qu’est-ce qu’on fait ? » Tim
« J’étais derrière le Pont de la Jonelière… J’avais un besoin de me retirer, je voulais vraiment être en dehors, en ayant ma petite indépendance… et je pense que ça m’a aidé. » Sébastien
« On marche seul en France. […] Je sais que je dois le faire… Ça vaut le coup, de s’en sortir honnêtement. C’est ma copine qui m’a appris ça. » William
« Au départ je suis lorrain, un ouvrier comme tout le monde, avec sa petite vie comme tout le monde… » Steven
« Y’a des chiens qui dorment dans les maisons, et les humains ils dorment dehors. » Gabor
« J’aurais pu choisir de me faire expulser en Algérie, parce que j’ai la double nationalité, mais du coup on m’aurait interdit tout le territoire de Schengen. » Tim
« C’est à vivre au moins une fois dans sa vie pour comprendre ce que c’est que le rien quoi, le néant. C’est dur, c’est froid, c’est long, et c’est pas cool. » Rodolphe
Bernard H., travailleur social : « Tout est compliqué. Tout est compliqué. Mais la minute d’après est compliquée. »
Brigitte M., éducatrice spécialisée : « Le logement c’est primordial, et je dis bien le logement, pas l’hébergement. Et pour moi en plus, le logement est un droit. »
Dr. Inial, médecin psychiatre au CHU, Équipe de Liaison Psychiatrie Précarité : « Moi je dis six mois de rue, deux ans pour récupérer. On sauve sa peau à un moment donné. »
Jean-Claude Laurent, directeur de l’Association Saint-Benoît Labre (responsable notamment du 115 et du Samu social) : « En moyenne on a entre quinze et vingt places à donner par jour aux personnes… Et on a 250 à 300 appels par jour. »
André Lebot, directeur du restaurant social Pierre Landais : « Il y a des gens qui ont fait le choix, mais là on est dans la littérature, c’est Kerouac, les clochards célestes, on prend des trains aux États-Unis, voilà… »
Camille, militante pour la cause des Sans-papiers et des précaires : « Ça atteint tout ton mode de vie, toutes tes façons de voir, enfin moi ça m’a vraiment fait ça. Ça m’a vraiment fait changer. »
Nota bene Créé en 2004, le SAPSD (Service d’accompagnement des personnes sans domicile) visait à apporter des réponses adaptées et individualisées aux caractéristiques spécifiques du public SDF. L’objectif était d’inscrire dans le temps des liens entre une personne sans domicile et le service pour faciliter la vie quotidienne de la personne, lui permettre de faire valoir ses droits sociaux et favoriser son insertion sociale. Il s’agissait d’un service ressource identifié par son savoir-faire, auprès des multiples opérateurs de l’urgence et de l’insertion, pouvait-on lire sur la documentation du CCAS (Centre communal d’action sociale).
Le SAPCD a été fermé en décembre 2011.
Son solo
Documentaire de David Brown et Anaïs Denaux, réalisé avec la participation de Geneviève Brillet, Mathilde Airault et Bertrand Suberbie. Création musicale de Mathieu Maurice. Dessins de Glen Chapron.
Merci à tous les sans-abris, précaires, travailleurs sociaux, médecin et militants qui ont bien voulu témoigner ici. Certains noms ont été modifiés.
Les Sentinelles a fait l’objet d’une diffusion publique au Café Landru le 15 juillet 2015.
Presse
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